Pendant plusieurs siècles, il n’exista même pas. On parlait de tafia, de guildive (kill devil !). Pendant l’égouttage du sucre cristallisé, produit noble, on récupérait un sous-produit, la mélasse. C’est à partir de la mélasse, diluée puis mise en fermentation, qu’on fabriquait le tafia, à l’aide d’un matériel distillatoire, proche de la cornue des anciens chimistes. Ce tafia était servi aux marins, aux soldats, aux esclaves. Point besoin de qualité, seule comptait l’ivresse ! Au début du dix-huitième siècle, le Père Labat améliore considérablement les techniques. Chaque habitation avait un alambic, posé sur un foyer rustique. Le serpentin refroidissait dans une citerne remplie d’eau de pluie. Ce dispositif resta en usage ici et là jusqu’au milieu du vingtième siècle, avec des modifications notables qui ont amélioré considérablement le produit. C’est au début du dix-neuvième siècle que naît réellement le rhum dans les îles anglaises, particulièrement Barbade et la Jamaïque. Il s’agit toujours d’un alcool produit à partir de la mélasse, mais les progrès techniques du matériel et les soins apportés à sa fabrication le destinent à une clientèle exigeante. Les îles françaises et particulièrement la Martinique adoptent le système de l’alambic charentais en y ajoutant des récipients annexes destinés à retenir les éléments responsables du goût âcre. Il est appelé " alambic du Père Labat ". A la fin du 19ème siècle, la modernisation de la production du sucre dans des usines équipées d’un matériel coûteux ne permet plus aux sucreries familiales de subsister. A la même époque, les maladies qui affectent les vignes de métropole ne permettent plus d’obtenir la quantité des alcools traditionnels de France. Ces deux faits conduisent les Antilles françaises à s’orienter vers la création d’un rhum différent, le rhum agricole fabriqué à partir du pur jus de canne, le vesou. En plus de son goût bien supérieur, ce rhum a l’avantage de nécessiter beaucoup moins de matériel et de main-d’œuvre. C’est alors que naît un artisanat rhumier de qualité. Les distilleries agricoles se multiplient; elles sont une centaine en Guadeloupe vers 1940. Parallèlement, les nombreuses usines sucrières (16 à la même date) continuent à produire du rhum de mélasse constamment amélioré.
Aujourd’hui
En Guadeloupe, ne restent que 9 distilleries et 3 usines sucrières, parmi lesquelles l’usine Bonne-Mère, qui est spécialisée dans le rhum industriel. Toutes ces entreprises utilisent maintenant des colonnes à distiller à plateaux, permettant un fonctionnement en continu.
Le produit est contrôlé tout au long de sa fabrication, ce qui permet un suivi de la qualité caractérisant chacune de ces distilleries. La mise en bouteilles, obligatoire depuis 1956, a permis à chacune de préciser son image de marque.
Il parfume les pâtisseries et les glaces, il est servi à toute heure de la journée et est utilisé dans les remèdes de vieilles femmes. Vous pouvez le boire : simplement avec du sucre et du citron vert, ti punch ou ti sec, en planteur lorsqu’il est mélange à un jus de fruits ou encore en punch lorsqu’on y fait macérer des fruits aux saveurs envoûtantes.